Enquête sur la santé mentale a la grande comore

Publié le par Emmanuelle, infirmière en psychiatrie

Enquête sur la santé mentale a la grande comore

En 1999, un grande enquête sur un échantillon de 1000 personnes a été éffectuée à la Grande Comore (pour localiser voir article "Anjouan c'est où?") sur la santé mentale.

Même si cette enquête date de plus de 10 ans maintenant,J'ai l'impression qu'elle reste pour une bonne partie toujours d'actualité et les résultats sont trés intéressants. Ce travail de recherche nous donne des pistes de réflexion pour développer le service de santé mentale à Anjouan.

Extraits de l'article:

  • "L'archipel des Comores est le seul pays où l'enquête a été réalisée qui ne possède aucun psychiatre, ni aucune infrastructure psychiatrique"
  • "Sur le plan de la psychopathologie, les désordres mentaux sont interprétés comme faisant partie d'un ensemble de désordres, de malaises ou de malheurs. Les systèmes traditionnels et populaires de prise en charge de la santé mentale sont importants et leur existence très ancienne. Ils font appel aux systèmes de soins inspirés de l'Islam, mais également à des rites de possession d'origine malgache (trom'ba)."
  • "Pour les Comoriens, les problèmes de santé générale posent parfois des questions urgentes, faisant passer la pathologie mentale au second plan."
  • "Si le contexte actuel de mondialisation des échanges, tant commerciaux que culturels, est évident, dans l'Océan indien comme ailleurs, des échanges existent de longue date, liés ou non à la colonisation et à l'esclavage, ainsi qu'un fort brassage de population...Mettre en commun des pratiques en santé mentale devient une nécessité et une source d'enrichissement réciproque."
  • "Globalement, aux Comores, le « fou » est plutôt considéré comme une personne dangereuse, qui transgresse la loi et les représentations sont liées au meurtre (59 %), au viol (31 %), à l'inceste (38 %). Dans 31 % des cas est considéré comme fou quelqu'un qui « tente de se suicider », et dans 32 %, quelqu'un qui « délire ou hallucine »."
  • "Le dépressif, pour les Comoriens, serait donc quelqu'un « qui pleure souvent » (53 %), qui est « isolé en retrait, cherche à être seul » (49 %), qui est « anxieux » (49 %) et, plus curieusement, quelqu'un qui « fait des crises, des convulsions » (58 %) ou quelqu'un qui est « attardé ou déficient intellectuel »."
  • "En ce qui concerne les origines attribuées à la folie, on note que, pour 20 % des Comoriens, la folie a une cause physique, pour 14 % des origines magico-religieuses et pour 11 % socio-économiques, les événements de la vie intervenant pour 20 %."
  • "En résumé, on peut dire qu'un fou, un malade mental ou un dépressif, pour la population comorienne, est quelqu'un dont la famille souffre dans plus de 90 % des cas, qui n'est pas responsable de son état, ni de ses actes, ni conscient de son état, qui pour autant n'est pas exclu de la société et de la famille, qui peut la prendre en charge en cas de besoin. N'oublions pas que les structures psychiatriques n'existent pas aux Comores ; ce qui peut être perçu comme une tolérance des familles signe aussi l'absence d'alternatives à la prise en charge familiale. Il faudra tenir compte de ces données dans les recommandations, afin de ne pas implanter indûment des structures qui favoriseraient une exclusion et une stigmatisation."

  • "Environ 85 % des Comoriens pensent qu'on peut soigner et qu'on doit « soigner même s'il ne le veut pas », un fou, un malade mental ou un dépressif. Sur le comment peut-on soigner un fou, les réponses par les médicaments (17,8 %) et l'hospitalisation (17,3 %) viennent largement après les pratiques magico-religieuses (30,7 %) et le religieux (8,4 %)."

"Quelques recommandations après l'analyse des résultats ont pu découler de cette enquête :
– éviter de créer des structures psychiatrique lourdes favorisant l'enfermement asilaire et désintégrant le tissu social ;
– encourager la formation en pathologie mentale et dans la prise en charge des patients, des acteurs de soins locaux, médecins généralistes, personnel de santé, acteurs sociaux ;
– prendre en compte les particularismes locaux avant toute mise en œuvre d'une politique de santé mentale ;
– favoriser les échanges d'expériences en santé mentale dans le conte
xte indianocéanique."

N'hésitez pas à commenter cet article, à votre avis est il toujours d'actualité? Est ce valable pour Anjouan?

Vous pouvez lire cet article dans sa totalité, publié dans la revue l'information psychiatrique 2003 en cliquant ici

Publié dans santé mentale

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E
Dainane a fait un commentaire tellement intérréssant que je l'ai transformé en 2 articles intitulés "état des lieux de la santé mentale" et " aidez nous!".
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